Retour de bâton

Par Jacques, le 8 mai 2013

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Je suis resté prostrée, le souffle coupé, un genou à terre. Les quelques mots qu’il avait prononcés avaient fait vaciller tout l’édifice que j’avais mis des mois à construire. Prise de tremblements, de nausées, j’étais pitoyable. J’avais attendu trop de choses de ce moment. « Il faut qu’on se voie. J’ai besoin de te parler. Non, pas au téléphone. C’est vraiment important. » J’avais fini par céder. Il m’avait fallu une bonne heure pour me préparer. J’étais nerveuse. J’avais beau réfléchir, je n’arrivais pas à me rappeler l’avoir déjà eu un ton si grave. En arrivant dans le parc, il était déjà là, assis sur ce banc. Les mains jointes, la tête basse, comme s’il était entré en prière. J’étais de plus en plus nerveuse. Cela ne lui ressemblait pas.

Tout s’était ensuite enchainé très rapidement. Pas le temps de faire de frais, il était entré directement dans le vif du sujet. « Il est en vie. Il va bien. Mais il a refait sa vie. Tu ne pourras plus jamais le voir. Il refuse. Il veut te protéger tu comprends, il ne veut pas te faire souffrir. »

Je suis resté prostrée, le souffle coupé, un genou à terre. Les quelques mots qu’il avait prononcés avaient fait vaciller tout l’édifice que j’avais mis des mois à construire. Prise de tremblements, de nausées, j’étais pitoyable. Il aurait voulu rester, me relever. Mais il y avait comme une présence qui l’effrayait, et l’avait fait fuir aussi sec.

Je croyais m’être faite à son absence, à sa lâcheté. Je pensais avoir réussi à me bétonner, à passer outre. La claque violente de ces quelques mots me ramenaient à ma fragilité. Et je n’avais pas fini de constater les dégâts.

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