"Je maudis la nuit"

Par Jacques, le 12 décembre 2012

Pour ne pas perdre le fil : #1, #2, #3, #4

« Je maudis la nuit
Il n’y a plus que toi et moi finalement, ce soir
Mon chéri, mon amour

Je crois que j’ai menti, seulement pour toi
J’ai voyagé toute la nuit juste pour être avec toi

Je maudis la nuit
Il n’y a plus que toi et moi finalement, ce soir
Mon chéri, mon amour

J’en pleure encore, j’ai l’impression que les rues elles-mêmes m’en parlent,
Je m’accroche, un autre s’est enfui,

Je maudis la nuit
Il n’y a plus que toi et moi finalement, ce soir
Mon chéri, mon amour

Je pleure le jour, je veux traverser l’océan qui nous sépare,
C’est toi que je veux, tu n’as pas voulu de moi »

Elle relisait sans cesse ce poème qu’elle lui avait laissé lors de leur première rupture. C’était il y a longtemps déjà. Quatre ans, peut-être cinq. Elle espérait encore qu’il reviendrait. Malgré tout, elle avait peu à peu repris goût à la vie. Enfouissant ses angoisses au plus profond d’elle-même, elle aspirait à la paix. On avait plus aucune trace de lui. La police avait fini par abandonner les recherches. Quelques éléments laissaient penser qu’il avait passé quelques temps dans leur maison de campagne, immédiatement après sa disparition. Et puis, plus rien, aucun signe. Il s’était comme évaporé. Pour la police, cela ne faisait aucun doute : « il sera parti à l’étranger avec une autre ». Elle avait beau ne rien y comprendre, retourner cela dans tous les sens, elle commençait elle aussi à renoncer. Elle s’était faite une raison.

Après avoir reposé le poème sur sa table basse, elle partit se coucher. Elle ne prêta pas attention au rideau du salon qui bruissait, comme caressé par le vent. Alors qu’elle commençait à s’assoupir, les rideaux du salon s’écartèrent. Sans un bruit, le coussin du canapé s’enfonça doucement. Comme chaque soir depuis un mois, il s’empara du poème et le lut. Comme chaque soir, de grosses larmes perlèrent sur son visage. Comme chaque soir, il pensa au temps passé. Au temps passé, où il aurait partagé la soirée avec elle. Où la vie était normale.

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