Y’a des jours comme ça…

Par Jacques, le 15 décembre 2013

Revue cordiale d’un marathon de concerts entre octobre et novembre. Au menu : MGMT, The National et Girls in Hawaii.

8 octobre 2013 : « Espèce d’abruti, je te dis que je ne la payerai pas ta note ! Tu comprends ou tu veux que j’appelle ton patron, qu’on règle ça avec lui, et te retrouver comme un con sans job ? » La bonne humeur prévaut sur la terrasse lorsque notre voisin de table s’exprime ainsi brillamment à l’égard du serveur. Bien qu’il soit difficile de comprendre le grief du type à la mèche à l’endroit du malheureux, un rapide coup d’oeil à la créature qui l’accompagne nous fait comprendre qu’il ne lâchera plus rien. Son combat de client « dans son bon droit » ne peut être perdu, sous peine d’apparaitre aux yeux de sa belle comme étant un couard ou pire, un vaincu. « Ecoute, arrête de faire le kéké devant ta poule, si tu ne veux pas régler, viens donc avec moi voir le responsable ». Joie, le serveur se rebiffe. La tension est à son comble. Le méchu, surpris et à court d’argument, opte pour une réponse d’homme de lettre en se levant et collant son front en signe de défiance. « Tu veux que ça se finisse mal, c’est ça ? ». Las, le serveur tient bon. Le rebelle cherche autour de lui un regard ami pour le soutenir, introuvable. Sa belle elle-même se prend à timidement lui demander de se calmer. Alors qu’il parlemente avec elle, expliquant que c’est une question de « respect », le serveur débarrasse la table et file chercher son responsable pour solder le litige et la note. Prenant alors son courage à deux mains, le méchu prend sa blonde par la main et file sans demander son reste.
Une bonne heure plus tard, dans la fosse de l’Olympia pour MGMT, nous retrouvons nos deux tourtereaux. Après une habile manoeuvre, nous les reléguons juste derrière nous. La foule est compacte, ils ne peuvent se décaler. Et je leur prends une tête.

18 novembre 3013 : Putain de réunion de merde qui ne veut pas se terminer. Je le sentais venir en plus. Dossier foireux, équipe foireuse, réunion foireuse, tout ça le jour où ça fait chier, évidemment. Après deux heures pour savoir s’il vaut mieux parler « d’intégration » ou de « mix », deux autres heures pour changer le gris clair en gris foncé et deux autres heures pour reprendre l’ensemble du document en modifiant toutes les propositions verbales en propositions nominales, je pense pouvoir crier victoire. C’est sans compter sur la manageuse, inquiète de savoir s’il faut dire « Merci de votre attention » ou « Merci pour votre attention ». Mon téléphone sonne maintenant frénétiquement depuis une demi-heure. Je suis en retard plus que de raison, le froid commence à s’emparer de mon acolyte qui attend patiemment avec ma place en poche devant le Zénith. Il est 20h15, le concert doit commencer à 20h30, foi de Twitter. Professionnel jusqu’au bout, j’invente une règle de grammaire et tranche le litige. Cette absurde personne changera de toute façon encore la formule le lendemain matin. 20h45, j’arrive devant la salle. Congelée, elle me tend la place.
Bilan : arrivée en fin de première partie, ils sont donc tous en retard, on a même le temps de prendre le stock de mousse. Et à l’arrivée, un hug à Matt Berninger qui est venu prendre un bain de foule au deuxième rappel sur l’avant dernière chanson.

20 novembre 2013 : Cette fois tout est bon, pas d’embrouille, pas de plan foireux. Enfin, jusqu’à 17h. « Alors le plan : je prends ta place. Pendant ce temps là, tu t’appelles Kevin Gergon, tu passes avec ma pote au guichet « guests ». Là tu files ton nom, tu fais bien gaffe à pas te planter, et les mecs te filent ton invit gratos. Vu que t’es un mec et pas moi, on a pas le choix ». Que les choses soient claires : sur le fond de l’affaire, je suis ravi de me retrouver si bien entouré pour ce concert. J’ai juste un doute sur la façon dont les choses vont se dérouler. Le moment pénible risquant d’être le fameux « Vous êtes invités par quel groupe ? ». Dans la mesure où personne ne sait qui fait la première partie, ça risque d’être un peu plus compliqué que prévu. Sur le trajet, l’humeur de la petite troupe que nous formons est badine, bières belges aidant. La première difficulté se présente aux abords du Trianon. Des copains proposent aimablement de les aider à finir leur pack de bières. Une fois cette pénible corvée achevée, vient le moment fatidique. Je me présente, bonhomme et faussement sûr de moi devant les branquignoles faisant office d’hôtes d’accueil. Fidèle à moi-même, j’ai totalement zappé le nom de l’aimable quidam m’ayant prêté son blase. Heureusement, la pote maîtrise le bluff. « On est invités par les deux groupes ». Habile.
Merci à toi Kevin, la soirée fut des plus excellentes. Si tu lis ces lignes, sache que je te voue un amour sans borne. Si ce n’est la barrière du sexe, s’entend.

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