[Top] - 10 idées (et plus) de films pour Halloween

Par Thibault, le 22 octobre 2023

Fantômes, démons, Grands Anciens, voisin chelou ou mamie lubrique… Quelles que soient vos envies et vos déviances, Halloween c’est l’occasion de jouer à se faire peur. Et ici on veut vous faire plaisir, voici nos conseils (plutôt récents) pour des soirées plaids et tisanes renversées.
Comment vous l’aimez votre horreur ?

1. Vous l’aimez Barbare ? (Disney +)

Une jeune femme arrive de nuit dans l’appartement qu’elle a loué sur Airbnb. Manque de bol, un autre occupant est déjà là, affirmant avoir également réservé le logement depuis une autre plateforme.

Et il n’y a pas besoin d’en savoir plus sur le scénario de Barbare (Zach Cregger, 2022), premier film bizarrement diffusé sur Disney +. Parce que ce pitch simple n’est que la première étape d’une construction passionnante qui enchaine les ruptures de tons, les trouvailles visuelles et scénaristiques, et déploie un univers horrifique ludique parfait pour un samedi soir en couple ou entre amis. On ne sait jamais où le film va nous emmener, et chaque nouvelle étape est déroutante et s’éloigne des clichés de l’horreur des années 2020.
Et pour rassurer les plus sensibles, le titre est bien plus violent que le film, même si les âmes sensibles pourront vivre quelques moments un peu difficiles. Mais rien d’insurmontable, ce n’est pas Hostel du tout.

Dans le même genre : Du concept fort avec No One Will Save You sur Disney +, et du twist avec The Secret.

2. Vous l’aimez lovecraftienne ? The Empty Man (Disney +)

Disney + toujours avec un film qui avait été relégué au fin fond du catalogue, et dont la très maigre promotion dressait un portrait absolument mensonger. The Empty Man (David Prior, 2020) est le premier long-métrage de fiction de David Prior (plus connu comme documentariste, il a notamment travaillé sur les making of de David Fincher, excusez du peu).
Contrairement à sa bande-annonce, le film n’est pas un simple slasher adolescent aux vagues relents de superstitions internet type La Dame Blanche. On y suit un ancien détective traumatisé qui enquête sur une mystérieuse entité. Ses recherches vont le mener à une secte qui vénère ladite présence, mais aussi à découvrir des implications qui dépassent largement la raison humaine.

The Empty Man propose une horreur lovecraftienne dans la plus pure tradition du génie de Providence. Pas de tentacules ou de références à Cthulhu, mais plutôt une terreur existentielle profonde, à la fois spectaculaire dans ce qu’elle évoque et anti-spectaculaire dans sa façon de le raconter. L’Homme n’est rien, et quand il se retrouve confronté à des puissances cosmiques qui le dépassent, la seule option reste de succomber à la folie.
Avec sa durée impressionnante (2h20 pour un film du genre c’est rare), son ambition formelle et narrative, The Empty Man déjoue les codes en vigueur et installe un univers noir, bourré d’idées. Un film original, que peu de monde a vu, à tort.

Dans le même genre : Du Lovecraft digéré avec Le Rituel sur Netflix ou Color Out of Space avec Nicolas Cage en grande forme, ou un film peu connu avec Come True (VOD).

3. Vous l’aimez commerciale mais efficace ? Conjuring 2 (Netflix)

Dans Conjuring 2 (James Wan, 2016), on retrouve nos époux Warren, toujours dans une histoire « basée sur des faits réels ». Cette fois, ils se rendent dans le nord de Londres pour venir en aide à une petite famille hantée par un nombre fort conséquent d’entités démoniaques.

Pour résumer très schématiquement, la production horrifique actuelle se divise en deux familles, avec d’un côté l’elevated horror qui regroupe des films « à message », à l’esthétique travaillée, ou sur lesquels on peut sentir la patte d’un auteur. Parmi les représentants de ce genre on peut citer Get Out (Jordan Peele, 2017), Mr. Babadook (Jennifer Kent, 2014), The Witch (Robert Eggers, 2015), ou Hérédité et Midsommar que nous évoquerons ci-dessous.
De l’autre, une horreur commerciale, grand public et aux effets plus tape à l’oeil qui créé de véritables franchises : 5 opus d’Insidious, Conjuring va sur sa 4ème suite et a enfanté les spin-offs Anabelle (1, 2 et 3), La Nonne 1 et 2, La Malédiction de la Dame Blanche...

En dans cette veine, le roi s’appelle James Wan. Conjuring 2 c’est le train fantôme du samedi soir, qui use et abuse des jump-scares (les effets qui font sursauter) mais avec une maestria jubilatoire. L’espace est très bien découpé, les séquences de flippe aussi, le bestiaire est inventif et riche… Conjuring 2 c’est l’occasion parfaite de renverser son pop-corn, de hurler un bon coup, de se faire un peu peur en allant aux toilettes après, mais l’avantage, c’est que ça ne va pas vous poursuivre plus d’une soirée.
De l’horreur détente en somme.

Dans le même genre : Le turbo-débile mais fun Malignant, du même James Wan, ou le fort chouette Invisible Man de Leigh Wannel, disciple de Wan.

4. Ou vous voulez qu’elle vous fasse questionner la vacuité de l’existence et la folie de l’Homme ? Hérédité / Midsommar (Prime Vidéo)

On triche un peu pour cette quatrième entrée, qui regroupe les deux premiers long-métrages d’Ari Aster, prodige de l’horreur et du cinéma indépendant. Les deux films bien que fondamentalement différents, jouent sur le même principe fondateur d’une horreur qui met mal à l’aise, qui gratte sous les crânes pour aller chercher un mal-être profond. Ce sont des films qui non seulement font peur quand on est devant, mais qui restent avec nous après et chuchotent dans le noir.

Hérédité (Ari Aster, 2018) raconte la décomposition de la famille Graham, causée par la mort de la grand-mère maternelle, qui va en affecter chaque membre, et faire émerger un secret sombre enfoui depuis des générations. Organisé comme les maisons de poupées que construit la mère (Toni Collette, impériale), chaque niveau, chaque scène, représente un cercle de l’enfer dont on ne peut s’échapper. Du Bergman sataniste et fataliste, une psychothérapie brutale et terrifiante qui cherche où ça fait mal.

Deuxième essai, deuxième coup de maître avec Midsommar (2019), qui s’intéresse cette fois à Dani, qui accompagne son petit ami et son groupe de potes en socio dans le village natal suédois de l’un d’entre eux pour assister à des cérémonies plutôt… particulières organisées une fois tous les 90 ans.
Hérédité faisait la part belle à l’obscurité, mais Midsommar transforme la salle obscure, ou votre salon plutôt dans ce cas, en un temple impie, baigné d’un soleil constant.
Le malaise s’insinue petit à petit, et Aster utilise toute sa palette d’auteur et de metteur en scène : cadres larges et fixes, longueur du film (3h oui madame), visions de terreur hallucinées, analyse du couple, de l’héritage familial… Jamais la lumière n’a été aussi éclatante, menaçante et terrifiante à la fois.
Gardez le Xanax à portée, les films d’horreur de cette qualité ont un prix.

Dans le même genre : Difficile tellement ces deux films sont à part, mais pour leur noirceur Talk to me, et La Proie d’une Ombre sont efficaces. The Haunting of Hill House, série Netflix, mêle aussi terreur et famille.

5. Vous l’aimez un peu crado ? X (VOD)

X (Ti West, 2022) c’est le retour aux années 70. Aux cassettes un peu usées que l’on cherche dans les vidéo-clubs. Encore une fois, le concept est simple : une équipe de tournage loue une grange pour tourner un film porno. Sans en informer le couple de personnes âgées qui possède ledit lieu. Attention chérie, ça va trancher.

Ti West c’est cette rencontre entre tradition et modernité, et surtout la recherche d’un équilibre qui ne se satisfait pas de références à Massacre à la tronçonneuse (Tobe Hooper, 1974). Le résultat est assez jouissif dans sa violence, et n’a pas peur de salir le maillot. Y’a du cul, des meurtres, et une humanisation des antagonistes assez surprenante et bienvenue. Le discours méta-textuel sur le film dans le film n’est pas le plus subtil du monde, mais vous comprenez que ce n’est pas ce qu’on cherche.
Evitez de le regarder en famille. Ou comme votre serviteur, dans un train.

Dans le même genre : La suite, Pearl qui raconte les origines de la maîtresse de maison. En attendant la fin de la trilogie en 2024 : MaXXXine. Ça parle un peu de cul mais c’est moins rigolo : It Follows.

6. Vous êtes plutôt thriller hitchcockien ? Watcher (VOD)

On calme un peu la foire à la saucisse avec https://www.youtube.com/watch?v=kpebJezzK30 (Chloe Okuno, 2023). Parce que pour frissonner, pas besoin de démons de 20 mètres et de gerbes de sang, parfois un conflit de voisinage suffit.
Julia et Francis déménagent à Budapest, où Francis commence un nouveau travail. Julia se retrouve livrée à elle même dans un pays dont elle ne comprend pas la langue et où un tueur en série sévit dans les rues. Pour ne rien arranger, son voisin d’en face semble regarder avec insistance chez eux.

Il suffit parfois d’un bon thriller, et Watcher remplit très bien son rôle, remettant au goût du jour une formule hitchcockienne à l’efficacité redoutable, parce qu’elle vient jouer sur un trouble proche de nous. L’intrigue est construite de façon ludique, et surtout la réalisatrice maitrise extrêmement bien ses images et ses cadres pour isoler de plus en plus son héroïne dans l’espace et dans son couple pour faire ressentir au spectateur cette sensation de traque vécue par la jeune femme.
Et ça vous fera bien fermer les rideaux.

Dans le même genre : Basé sur la tension, et sans surnaturel, No Exit sur Disney +, ou le magnifique As Bestas, qui fait plus peur que beaucoup de films d’horreur.

7. Ou hommage débridé à Spielberg ? Nope (Netflix en Novembre)

Encore une fois, moins on en dit, mieux c’est. OJ et Emerald ont repris le ranch de leur père au fin fond de la Californie. Ils élèvent des chevaux pour le cinéma, et l’activité est en berne. MAIS, parce qu’il y a toujours un mais, des évènements surnaturels vont leur créer quelques soucis, et des opportunités.

Après Get Out et Us qui avaient tendance à abandonner le divertissement et le genre sur l’autel du sous-texte politique explicatif et un peu bavard, Nope (Jordan Peele, 2022) cherche le Cinéma. Le film est un spectacle total, visuel, fun, inventif… On y retrouve tout un tas de références parfaitement digérées, de Tarantino à Shyamalan en passant évidemment par Spielberg, des designs jamais vus et une réinterprétation originale de mythes bien ancrés dans l’histoire (américaine, mais pas que) du cinéma.
Nope c’est le film parfait du samedi soir, une déflagration de cool et de plaisir, pas forcément terrifiant, mais avec suffisamment d’audace pour créer des frissons fédérateurs. Et comme si ce n’était pas assez, il amorce aussi une réflexion sur son art, la société du spectacle, et tout un tas d’autres thématiques contemporaines.

Dans le même genre : Nope ne ressemble à pas grand chose de connu, donc je vais utiliser cette partie pour recommander un autre chef d’oeuvre, le western Bone Tomahawk, et prévenir que c’est bien brutal.

8. Vous voulez voyager ? Tumbbad (Prime Vidéo)

Une femme et deux enfants qui nourrissent une sorcière qu’il ne faut pas réveiller, un homme qui découvre une ville abandonnée et un secret enfoui dans ses profondeurs, et un fils qui ne demande qu’à suivre l’exemple de son père… Tumbbad (Rahi Anil Barve, 2018) est un conte moral étendu sur 3 décennies et couvrant les destins croisés de 3 personnages.

L’univers déployé par le film et son ambition séduisent rapidement. Déjà parce que le spectateur occidental n’est pas habitué à la mythologie qui lui est racontée, mais aussi parce que son auteur convoque un certain nombre de codes et de références diverses qui propose un regard frais sur le genre. On retrouve un souffle d’aventure à la Indiana Jones, des visions de caves et de villes ensevelies qui pourrait figurer dans un Dark Souls… le tout raconté avec un ton qui va plutôt chercher, si on le raccorde à nos repères, aux frères Grimm. On pourra néanmoins reprocher au film une morale un peu trop soulignée par la narration, mais il y a des monstres cools.

Dans le même genre : Pas vraiment de l’horreur, mais du cinéma indien énervé avec Jallikattu, ou pour voyager dans une autre cinématographie horrifique peu exploitée, au Sénégal cette fois, Saloum. Et pour l’Amérique Latine Aterrados, sur Netflix, frappe fort.

9. Voyager autre part ? The Strangers (VOD)

Etranger toujours, avec The Strangers (Na Hong-Jin, 2016). Jong Goo est policier dans un petit village, gentiment naïf, pour ne pas dire un peu limité. Quand une série de meurtres brutaux et d’éruptions cutanées étranges frappe la communauté, les soupçons se portent bien évidemment sur un vieil ermite japonais qui vit dans les montagnes.

Je disais un peu plus haut que 2h20 c’était une durée inhabituelle pour un film d’horreur. J’ai ensuite évoqué les 3h de Midsommar, et maintenant un film qui dure 2h40. Deux heures et quarante minutes implacables, folles, un maelström comme seul le cinéma coréen peut en enfanter. Il y a de tout dans The Strangers : zombies, serial killer, fantômes, possession, vaudou, drame, comédie… Dans sa générosité malsaine, le film culmine deux fois, lors d’une séance d’exorcisme shamanique dantesque, puis dans sa montée en tension finale, qui laisse le spectateur les jambes branlantes et le souffle court.
C’est un spectacle total et exigeant pour le spectateur, un petit bijou noir.

Dans le même genre : The Medium, Incantation, J’ai rencontré le diable

10. Vous reprendrez bien un peu de social avec votre flippe ? His House (Netflix)

Un couple de réfugiés sud-soudanais arrivent à Londres. Pris en charge par les services sociaux britanniques, ils sont logés dans une maison décrépie en attendant la régularisation de leur situation. Une maison dans laquelle, EVIDEMMENT, ils ne sont pas seuls.

https://www.youtube.com/watch?v=DYY0QJhlXjc (Remi Weekes, 2020) utilise l’horreur pour décrire… l’horreur. Le film utilise le récit de maison hantée pour aller au delà de la peur pure et proposer une réflexion passionnante sur l’attachement familial, culturel, et les traumatismes de ces populations bazardées d’un radeau à un camion pour arriver dans un Eden fantasmé qui, quand on le regarde de plus près, pourrait bien ressembler à l’Enfer.
Là où His House surnage un peu par rapport aux autres films d’horreur « politique », c’est que déjà, il fait vraiment peur, mais aussi qu’il ne cède pas à la facilité. Il questionne le passé et les traumas de ces réfugiés, ne les traite jamais avec complaisance, et pose la question primordiale de l’origine du Mal. Qui n’est pas toujours celle que l’on croit.

Dans le même genre : Under The Shadow sur Netflix, pépite iranienne qui utilise l’horreur pour parler de la guerre, et évidemment Get Out et Us.

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