Il l’avait épousée il y a une ou deux décennies déjà, mais cela lui arrivait encore. Cela survenait le plus souvent dans des lieux publics, lorsqu’ils étaient tous deux entourés d’étrangers. Il s’asseyait sur la banquette de ce musée et il la regardait regarder ce tableau de Van Eyck, et pendant un court instant il la voyait dans tout son anonymat. C’était comme si elle faisait partie de ce groupe de touristes en audioguide avec qui elle partageait le tableau. Il la voyait comme les autres la voyaient. Et alors il émanait toujours la même information de sa conscience soudainement coupée de toute mémoire émotionnelle. Une donnée que son cerveau enregistrait avec délectation alors qu’elle posait ses yeux sur lui : sur cette banquette de musée il venait successivement et dans un intervalle infime de l’oublier, puis de tomber une nouvelle fois amoureux d’elle. Il appelait ça la remettre dans son contexte.

Alors là, ils sont forts les gars d’arcade fire : il m’a fallu trente secondes d’écoute pour être surexcité par la venue prochaine de leur nouvel album. Ne cherchez pas à en trouver plus : il n’y a que ce petit joujou numérique pour se languir d’eux. Magique.