Dompter la bête

Par Jacques, le 4 juillet

De grands rideaux pourpres, une cheminée, des banquettes velours disposées le long du mur. Au milieu de la pièce, une table ronde. Pas si grande, pas si petite. Face à l’imposante fenêtre située au centre, leurs silhouettes figées se dessinent. Dans l’encadrement de la porte, la mienne patiente.

Je ne sais pas si suis pas prêt.

Dans ma tête, le cacophonie et le silence ont commencé leur danse macabre. Droite et gauche, avant et arrière, ordre et contrordre. Le chaos prend racine, s’étend, emportant tout sur son passage. Ces turbulences restent invisibles aux yeux des autres, pour l’instant. Mon corps ne trahit en rien ce tumulte. Depuis le temps j’ai appris à l’apprivoiser, le connaître, en prendre pleinement possession. Il est devenu progressivement un ami et un allié. Je sais que je peux me fier à lui. C’est grâce à lui que je me tiens debout.

Je commence à me sentir prêt.

Mon pied droit se meut, entraînant le gauche à sa suite. Je contourne la table, me dirige vers eux et d’un geste les invite à emboîter mon pas. Je sens leur présence à mes côtés. Nous voilà désormais dans l’immense couloir. Je sens les regards se porter sur nous. Je décèle qui du doute, qui du respect, un soutien parfois. Notre pas ne faiblit pas, nous voici presque arrivés. Alors que le héraut s’apprête à nous annoncer, je l’arrête d’un geste courtois mais ferme.

J’ai confiance en moi, j’ai confiance en nous. Nous sommes prêts.

Je m’élance au son des premières notes. Je me concentre pour appréhender la mélodie et traduire en gestes les émotions qu’elle me procure. Autour de moi, tous commencent à faire de même. Chacun interprète sa partition avec sa sensibilité. Nous sommes en rythme, les mouvements se font de plus en plus gracieux. Mes yeux se ferment, je m’abandonne entièrement à la musique. Mon esprit, mon corps, mes émotions sont alignés. Je ressens mes compagnons autour de moi et cela renforce mon sentiment de lévitation.

La musique se tait, notre danse avec elle. J’ouvre lentement les yeux en relevant la tête. Je sens le tumulte extérieur, le crépitement des mains et les hourras monter. Nous y sommes. Nous l’avons fait. Ensemble.

Je suis fier de nous.

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