Joe Kiddo

Par Jacques, le 23 mai 2013

Il avait récupéré ce sobriquet de Joe Kiddo lors de sa première sortie, son baptême du feu. C’était leur petite tradition à eux. Joe, parce que le type qu’ils venaient visiter ce soir là avait cru reconnaître un de ses amis. Ce qui lui avait d’ailleurs été fatal. Kiddo, on ne sait plus trop. Comme souvent, on ne faisait plus trop la différence entre la réalité et les fantasmes. D’aucuns prétendaient qu’il gardait toujours avec lui un petit jouet en bois de son enfance. D’autres que c’était tout simplement son véritable nom. D’autres encore lui prêtaient une affection particulière pour les enfants, et racontaient à qui voulait les entendre qu’il entretenait d’une pension les orphelins de ses victimes.

Toujours est-il que si tant de rumeurs bruissaient à son sujet, c’est notamment en raison de sa disparition subite. Alors que l’on avait fini par s’habituer à ses coups d’éclats permanents, il y avait déjà plusieurs mois que nul ne l’avait plus vu sévir. Le dernier raid, mené à Hully City, s’était déroulé « sans accroc ». Kiddo et ses hommes avaient bloqué chacun des accès de la ville, puis entrepris de passer au peigne fin les différentes habitations, une par une. Personne n’avait opposé de résistance,pas même le Sheriff, qui tenait davantage à sa vie qu’à celle de ses administrés. Seul un pauvre fou, qui semblait n’avoir jamais entendu parler de la réputation de Kiddo, avait tenté de réagir. Audacieux, courageux, mais pas très malin, à l’évidence.

Joe Kiddo avait finalement reparu. Ses hommes l’avaient quitté, ou peut-être les avait-il congédiés, nul ne savait dire. Il allait de ville en ville. Un contrat par ville. Ni plus, ni moins. Il semblait poursuivre une quête, mais sans lien entre ses victimes. Si les bonnes gens s’étaient habituées aux coups d’éclats d’antan, la terreur qu’il inspirait désormais dépassait tout ce qu’ils avaient jamais connu. La région tremblait en permanence et tout le monde redoutait l’arrivée du cavalier Kiddo. Sa vendetta pouvait s’abattre sur quiconque. On trouvait porte close si l’on était un étranger de passe, la méfiance s’était installée.

Terrés chez eux, ils avaient pu entendre un bruit sourd. Personne n’avait bougé. Les minutes s’écoulaient lentement, trop lentement. Au petit matin, les plus audacieux étaient sortis armés jusqu’aux dents, en direction du saloon, d’où le coup semblait être parti. Un corps inerte gisait au milieu de la pièce dans une flaque de sang. Dans sa main droite, un colt, amputé de deux balles. Sa dernière victime, un jeune arrivé en ville quelques mois auparavant, embauché par le tenancier de l’établissement.

C’est ainsi que disparu Joe Kiddo, une fois tous ses anciens acolytes abattus. Personne ne devait connaitre son histoire. Il devait rester une légende.

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