Deuxième article de la série, voici les albums incontournables qui me procurent un tel ravissement à l’écoute qu’il serait égoïste de ne pas vous en faire profiter, en toute subjectivité bien entendu. Cheers !

Elle ne pouvait pas y croire, c’était trop difficile. Après s’être autant investie avoir tant partagé, impossible de concevoir qu’il fallait tourner la page. C’est la première fois de sa vie qu’elle ressentait aussi fortement ses émotions. Son corps exprimait physiquement sa détresse psychique. Rien ni personne ne pouvait la sortir de sa prison. Il allait lui falloir se battre seule, avec abnégation. Pour la première fois, elle n’avait pu se lever ce matin là. Non pas qu’elle eût bien dormi, elle enchaînait les insomnies. En dépit de ses efforts, impossible de trouver le repos. Rien ne lui permettait de penser à autre chose, tout la ramenait à sa souffrance et à sa douleur. Chaque objet, chaque lieu, chaque pas était comme imprégné de sa présence. Elle vivait avec un fantôme qui refusait de la lâcher.

Avec le peu de lucidité qui lui restait, elle avait réussi à s’entourer. Pas une journée ne passait sans qu’elle puisse voir des proches et partager son chagrin avec eux. En dépit de leur soutien inconditionnel, les heures passées sans eux duraient une éternité. Il était partout, présent jusque dans les recoins les plus enfouis et cachés de son appartement. La permanence de son souvenir dans sa vie était comme une lame enfoncée dans ses côtes. Il était aussi présent dans son univers qu’il en était physiquement absent. Comme prise dans un tourbillon, elle était tout à la fois dans le déni, heureuse d’être enfin libérée, en colère d’avoir été traitée ainsi, triste d’avoir été dupée, abattue, mélancolique des moments de bonheur - furent-ils fugaces.

Le chemin allait être long, une sorte de "carte du tendre" inversée. Elle le savait, ce chemin lui demanderait de mobiliser une volonté et une énergie dont elle doutait fort d’avoir les ressources. Ses proches, sa raison l’encourageaient à entrer résolument dans ce long tunnel sombre. Ce matin-là, sans qu’elle ne sut pourquoi, elle se leva résolue, prête à affronter ses démons. Ce matin-là, elle réalisa qu’elle avait décidé de ne plus rien lui offrir. Ce matin-là, elle se mit en route vers sa nouvelle vie débarrassée de ses nuisances.

Les groupes de musique sont parfois comme les bons vins : il faut attendre avant de les voir donner le meilleur. Point de "jeunisme" en ce qui concerne Fleetwood Mac, il aura fallu attendre leur 11ème album pour les voir atteindre leur apogée. 11 ans, mais aussi que les membres du groupe traversent chacun de grosses crises sentimentales au moment de produire cet album qui est considéré par les experts comme un chef d’œuvre. Ironie du sort, j’ai également découvert cet album sur le tard, comme si j’avais aussi besoin d’un peu de maturité dans mes écoutes pour pleinement profiter de ce chef d’œuvre. Bonne écoute !