C’est l’histoire d’une ville musée, d’une ville figée au 18e siècle. Si le trajet de train depuis la gare de Paris Saint Lazare ne dure que 30 minutes, il semble en réalité ramener ses passages plusieurs dizaines d’années en arrière.
J’y ai passé deux ans pendant mes études, et le moins que l’on puisse dire est que de tous mes copains qui faisaient leur Erasmus, j’étais celui de la bande avec la destination la moins sexy. Une coloc collée à une forêt, au bout d’une ligne de bus qui passait toutes les 30 minutes et qui s’arrêtait de tourner à 20h. Le chemin de chez moi au bahut me faisait emprunter cette même forêt. Le bar le plus proche était déjà à 15/20 minutes à pieds. Pour accéder au centre « vivant » de la ville il fallait compter plutôt 45 minutes à pieds. Autour de cette place du marché, quelques bars et restaurants mêlant les touristes de passage et les jeunes. Ambiance plutôt catholique bon teint et aspirants militaires en devenir.
A l’époque la techno de pointe est le lecteur mp3 qui nous permet d’embarquer une centaine de chansons max. On passe des heures a télécharger des morceaux de 3 minutes et à se copier les fichiers d’un ordinateur à l’autre avec des clés usb sans trop de mémoire. Je me souviens prendre le train en marche d’une french touch élargie, découvrant de nouveaux groupes et artistes chaque jour. A se faire découvrir et écouter plein de nouvelles choses tous les jours. C’est d’ailleurs probablement ici qu’à commencer à germer l’idée de créer un site sur lequel nous pourrions partager nos découvertes et nos classiques à nos proches - sans plus avoir à les compiler sur des disques gravés.
Et puis un soir nous sommes allés voir dans un décor iconoclaste un concert commun de Phœnix, Air, Etienne de Crecy et Alex Gopher. Sur le bassin de Neptune, dans les jardins du château de Versailles, et sous une bonne pluie. Versailles l’endormie du 18e prenait des allures modernes et presque avant-gardiste l’espace d’une soirée. J’ai le souvenir d’une scène flottante au milieu du bassin avec le château en fond. Le genre d’image et d’ambiance devenues presque bateau maintenant que chaque ville et village a créé son festival culturel. Comme les musiciens de Phœnix ont pu le dire « il ne se passe pas grand-chose ici alors ça favorise l’inspiration ». Ou l’ennui selon.
Depuis cette ville renvoie pour moi à deux imaginaires très différents par nature : la ville musée, lieu d’histoire et bien rangée, assez chiante d’une part, la ville de Air et Phœnix d’autre part, deux groupes qui continuent à égayer mes soirées avec leur musique. Ce faisant, voici donc un best of maison de Phœnix qui s’écoute décidément très bien et survit à l’épreuve du temps.