Le chant du violon / Le chant des machines

Par Jacques, le 6 février 2013

L’ascension avait été difficile. Mes genoux n’étaient plus aussi souples. Mon dos ne se courba pas avec autant de facilité. Mes yeux eurent du mal à percer l’obscurité du grenier, et redécouvrir la petite malle aux contours arrondis, au cou raccourcis, à la couleur du temps qui passe. Je me souviens maintenant qu’il faisait gris ce jour-là.

Ou plutôt bleu. C’était le début du printemps, ou alors la fin de l’hiver. Et le soleil tentait de percer quant à lui une tenace couche de nuage gris. La rosée blanche du matin disait adieu aux jeunes bourgeons et pourtant mes larmes ne tarissaient pas. Quelques heures auparavant les marches de l’échelle avaient plié sous le poids de mes pas. Nous nous étions dit adieu. Je lui avais dit adieu. Ces trop longues années d’études avaient été des années de souffrance. C’est donc sûre de moi que je rangea une dernière fois mon violon dans son étui. Je ne m’étais jamais sentie aussi vide. Et je ne savais pas si cela était du soulagement, ou une amputation.

J’entends aujourd’hui le tapotis des gouttes qui s’écrasent à quelques centimètres de mes cheveux blancs. Les ardoises bleues du toit me protègent des gouttes du ciel. Et celles de mes yeux viennent une nouvelle fois éclaircir l’étui de bois verni.

Laissez vous happer les yeux fermés ou hypnotiser par les flash des stroboscopes.

(Interdit d’écouter cela avec des enceintes d’ordinateur portable évidemment. Principe de précaution oblige)

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