C’est con

Par Jacques, le 19 juillet 2011

 « Chériiiiiiiiiiiiiiiiiiie ! C’est l’heure, faut que j’y aille ! »

- « Et bah vas-y ! Qu’est-ce que tu veux que je te dise ?! »

 « Tu veux pas m’accompagner s’il te plaît ? Et puis, ça te fera sortir un peu, t’arrêtes pas de bosser depuis ce matin ! »

- « Ok, ok j’arrive »

Pff quelle plaie. L’accompagner à l’autre bout de la ville pour ensuite poireauter dans le parc d’en face pendant une heure. Au moins le trajet pour y aller est cool. Allez, ne pas oublier mon petit bouquin, une bonne daube estivale qui a au moins le mérite de distraire un peu. C’est toutes les semaines la même chose avec lui. Depuis qu’il s’est trouvé une passion pour le dessin, il n’arrête pas. Il peut passer des heures entières à essayer vainement de peindre une oie, un arbre, un thermos. Et moi pendant ce temps là, je peux me brosser. Depuis qu’il a eu la bonne idée de prendre des cours, au moins, il progresse. Je commence même à trouver que ce qu’il fait est pas mal. Mais bon, il y a encore du boulot, ne nous leurrons pas ! La première fois que je l’ai accompagné, j’avais pas prévu le coup, rien senti venir : aucun café à l’horizon, simplement ce parc, et, surtout, un temps de chiottes. Une pluie qui ne s’arrêtait plus. J’ai été obligée de rester là, bêtement, à le regarder avec trois autres pékins, à dessiner des roses. Je me suis toujours juré qu’on ne m’y reprendrait plus.

Et puis, aujourd’hui, la tuile. On arrive, bonjour tout le monde, bonjour monsieur le prof, comment ça va depuis la semaine dernière, les enfants, tout ça. Au bout de deux minutes, le prof commence à exprimer à voix haute (et insistante) son souci du jour : la personne qui devait venir poser pour le premier cours de dessin de nu s’est décommandée, la faute à une vilaine grippe. C’est con. Et puis, de fil en aiguille, le prof me demande ce que je fais après. Je raconte que je vais juste me promener en attendant la fin du cours, comme prévu. Lui continue de se lamenter sur cette absence fatale. Je ne mesure pas encore pleinement le drame qui se joue et dans lequel je tiens le rôle de pigeon de premier plan. Après concertation rapide avec ses élèves, il finit par se tourner vers moi. Je refuse net. Puis c’est à mon copain de s’y mettre. Je suis acculée. Tout l’atelier a les yeux rivés sur moi. C’est trop tard, je ne peux pas refuser. On ne m’y reprendra plus jamais.

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