Match Point.
Ok ok on est à la bourre sur l’actualité de ce groupe, il y a 1 mois on avait préféré vous montrer Ezra Koenig faire le débile dans les rues de New York, et mettre de côté ce clip tennistique qui aurait tout de suite plu à Nelson Monfort. Mais en France la raquette et la balle jaune c’est plutôt en Mai. Alors finalement on est peut être même en avance. Revenons rapidement sur ce groupe qui a sorti Contra, son deuxième album en début d’année.
Il est 14h, l’album sort. La critique d’art élitiste affronte le groupe sur le court central.
Silence SVP, les joueurs sont prêts.
Bien en jambe la critique monte d’emblée au filet et bombarde le groupe de coups puissants, « trop facile d’accès », « n’importe qui peut vous écouter ! », « vous avez un clip sur MTV ! », « dehors ! l’Art n’est pas pour vous ! ». Déstabilisé, acculé sur sa ligne le groupe peine à répliquer, les études de musicologie des 4 WASP s’avèrent bien faibles face aux incessants coups droits de ces décideurs de l’art « des collégiennes vous écoutent ! », « ma petite sœur de 12 ans trouve le chanteur mignon ! ». Dur, le groupe est acculé mais résiste dans la souffrance et renvoi tout. Vampire Weekend fait l’essuie-glace en cadence sur des rythmes afros mélangés à une culture blanche new-yorkaise. L’échange dure des heures, le soleil tape fort. La critique s’essouffle peu à peu et recule face à la solidité de l’opposition.
La richesse des arrangements, les mélodies surprenantes et la créativité du groupe la mettent même en difficulté. La critique est sur le reculoir. C’est alors que Koenig en profite pour tenter le coup final et décisif, il surprend l’adversaire à contre pied d’un léger amorti de sa voix cristalline. Stupeur dans l’arène, la balle passe le filet, et rebondit une fois au sol… Au bout d’une course folle, la critique, mâchoire serrée, se jette en avant et réussit un fulgurant coup droit croisé sur la ligne opposée « ma femme de ménage vous écoute ! », « VOUS PASSEZ A LA RADIO !!! ». Incroyable, quelle ténacité. Le coup de la victoire pense t-on alors.
Le groupe est surpris et manque de trébucher en arrière, mais par un réflexe étonnant se lance à son tour dans une longue glissade pour tenter de rendre le coup. Juste avant le deuxième rebond fatidique, la balle est atteinte. Un subtil lob du fond du court sort alors de la raquette de Vampire Weekend. Le temps semble s’arrêter. Impuissante, immobile, la critique regarde la balle légère passer au dessus de sa tête. Le point est marqué. Le public manifeste sa joie dans une ambiance populaire assourdissante. Contra plus tard, le match est gagné. La critique bonne joueuse applaudit, et sert la main du vainqueur. La foule est debout.
Vampire Weekend est encore une fois brillant de créativité, et surprenant d’efficacité. Après Phoenix et MGMT, la critique s’incline de nouveau face à un drôle d’adversaire populaire.