Random memories

Par Jacques, le 15 mai 2023

On les avait quitté sur cette vidéo parfaite, savant mélange entre un extrait vidéo du film Electroma et d’une boucle merveilleuse de Touch sur Random Access Memories pour nous annoncer leur séparation :

Non pas qu’ils aient besoin de nous pour passer dans vos oreilles, mais la célébration en ce moment des 10 ans de leur dernier album me donne un bon prétexte pour ressasser de vieux souvenirs, en bon pré-retraité qui se respecte.

2001 : Welcome to Cork

Trop jeune pour avoir goûté jusqu’ici à Homework, que je connais comme tout le monde via la radio (donc essentiellement Da Funk et Around the World), je découvre en bon suiveur ce deuxième opus dance. J’ai 13 ans, j’ai autant de bagues aux dents et de boutons sur le faciès que je manque de confiance en moi, et je pars pour un mois dans la campagne irlandaise à une heure de voiture de Cork pour "parfaire" mon anglais. Le soir de mon arrivée, ma famille d’accueil sera dans un Pub pour fêter les 21 ans de l’aîné. J’arrive donc directement depuis l’aéroport dans le pub à 18 ou 19h, sans passer par la case "dépose ta valise et fais une pause" dans la maison qui m’accueille. Je n’ai aucune idée du fonctionnement de la soirée, ma maigre compréhension de l’anglais est balayée par cet accent si caractéristique. Au bout de quelques minutes, je m’arme de courage et me dirige vers mon hôte pour lui offrir son présent, choisi avec soin avec ma mère avant le départ. Un truc français mais connu, prise de risque minimale. Il déchire le papier cadeau, jette un oeil à la pochette, lève des yeux hagards vers ses potes, puis se tourne vers moi : "Daft Pounk ? That’s it ? Daft Pounk" ? What the hell is that, never heard of them".
Je me sens très con, le mois démarre bien...

2007 : Bercy, une nuit d’un autre temps

Je ne sais même plus comment on avait eu les places, dans mon souvenir on s’y était pris tôt mais sans besoin de vendre pères et mères. On avait pris tous les 3 le bus A du Chesnay à Versailles, puis la ligne L Versailles-Rive Droite - Saint Lazare, puis la 14 jusqu’à Bercy. Évidemment pour des places en fosse (nos portes-monnaies d’étudiants ne nous auraient pas permis plus de toutes façons), il fallait donc arriver le plus tôt possible, idéalement lors de l’ouverture des portes. Le principal souvenir est celui d’une attente longue, émaillée de pubs pour le premier album de Justice sorti 3 jours plus tôt. Après un (très) longue attente, les lumières s’éteignent, et l’un des meilleurs concerts de ma vie démarre. Au bout de quelques minutes, le 3e larron nous fait signe qu’il se sent mal et ne supporte pas la foule. Il part vers le fond de la fosse prendre un peu l’air. Nous restons avec mon compère de toujours, nous sommes grands, il nous retrouvera, ou pas. Nous restons là, extatiques. La légende prétend même que nous aurions été aperçus en train de danser - ce que je ne confirme ni n’infirme.

2010 : Contrepied

"Mais si je te jure, il faut que tu écoutes. Mieux, regarde le film, mais tu verras, tu regarderas ça comme un grand clip." Aussi improbable que cela puisse paraître, leur retour se fait via une bande originale du film éponyme. A priori ça sent bon l’entourloupe, d’autant que le précédent album n’a pas vraiment convaincu. A la sortie de Random Access Memories en 2005, on avait même pensé pendant 15 jours qu’il s’agissait d’un faux album sorti pour piéger les pirates. Comme quoi les fake news les plus débiles n’ont pas attendu l’arrivé d’Elon Musk sur Twitter. Bien que le groupe ne revendique pas cette bande originale comme un album à part entière, nous avons ici décidé qu’il avait pleinement sa place dans la discographie.

2013 : C’est le printemps

Paris, un appartement cossu du 7e arrondissement. Je trimballe mon iPod avec le dernier album fraîchement téléchargé via des réseaux probablement détournés. Je suis sorti vers 23h du boulot, c’est une période particulièrement dense. Apéro chez une amie chère à mon cœur, où je retrouve une dizaine d’inconnus qui se révèlent plutôt sympathique. Évidemment nos horaires étant un peu décalés, nous ne sommes rapidement plus que trois : mon hôte, vacancière sur le départ pour l’étranger, une charmante inconnue qui ne démarre pas son nouveau boulot avant quelques jours, et moi, qui embauche à 10h le lendemain. Personne n’ayant de contrainte particulière, nous pouvons passer une merveilleuse soirée en écoutant en avant-première et en boucle le dernier-né, ce que je ne manque pas de souligner 4 ou 8 fois pendant la soirée pour être certain que tout le monde prenne la mesure de l’événement. Ironie de l’histoire, alors que la presse musicale célèbre en ce moment les 10 ans de la sortie de l’album, je m’apprête à célébrer une décennie en commun avec la charmante inconnue sus-nommée, qui n’a visiblement pas été effrayée par la lourdeur de votre serviteur (pas encore tout du moins).

Pour les plus flemmards d’entre vous, j’ai concocté un petit "best of" tout à fait personnel, dans l’ordre de sortie. Gros bisous

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